DELGOST
Golfe de Gascogne
2022-2023
Une équipe de chercheurs de l’observatoire PELAGIS (UAR 3462) réalise une campagne de collecte de prélèvements et de suivi de mammifères marins dans le cadre du projet de recherche Delmoges (DELphinus MOuvements GEStion).
Ce projet porté par l’Ifremer, La Rochelle Université et le CNRS vise à mieux comprendre les interactions entre dauphins et activités de pêche suite à une forte augmentation des prises accidentelles de dauphins commun depuis 2016 dans le golfe de Gascogne. Le projet a pour objectif de mieux identifier les solutions qui diminueront ces captures accidentelles.
C’est dans ce cadre qu’est née la campagne DELGOST portée par l’observatoire PELAGIS en collaboration avec l’UMR MARBEC en 2023 et avec l’Université de Internationale de Floride en 2022 et géré logistiquement et commandé par Skravik. Les campagnes 2022 et 2023 ont été réalisées à la voile sur un catamaran hauturier au cœur du Golfe de Gascogne. L’objectif des missions est de renforcer les connaissances scientifiques sur l’écologie de cette espèce, et notamment sur la possible présence de plusieurs populations de dauphins communs océaniques dans le golfe de Gascogne. Pour cela des prélèvements d’individus du large (au-delà du talus continental) qui ne s’échouent probablement pas sur nos côtes et qui sont difficiles à atteindre sont nécessaires. Les deux campagnes ont été mutualisé avec des projets de suivi acoustique sous-marine portée par l’ENSTA Bretagne (Lab-STICC– UMR CNRS 6285) en 2023 et le bureau d’étude SOMME en 2022.
Biopsies de dauphins communs
30 biopsies de dauphins communs (Delphinus delphis) ont été réalisés en plaine abyssale par an. Elles sont réalisées à bord du voilier au moyen d’une arbalète ou de perches. Les échantillons de peau et de lard prélevés sont conservés dans de l’azote liquide à bord du navire ou dans un congélateur à -20°C. Ils seront par la suite analysés (génétique, concentration de contaminants et rapport isotopiques de carbone et d’azote).
ADN environnementale
Des prélèvements de l’ADN environnementale présent dans l’eau de mer à proximité des cétacés ont été collecté lors de 38 stations réalisées de jour comme de nuit. Les échantillons sont conservés et seront analysés pour calibrer la détection de cette espèce de dauphin et identifier la présence éventuelle d’autres cétacés dans la même zone.
Acoustique passive sous-marine
Les campagnes DelGOST ont permis d’expérimenter de nouveaux protocoles d’acquisition de données acoustiques tractées derrière le navire sous voile ainsi que le déploiement d’une bouée dérivante à proximité de groupes de cétacés. En 2023 un hydrophone autonome a ainsi été immergé depuis le navire en station MORSKOUL (21h d’enregistrement) ou tractées derrière le navire sous voile (72h d’enregistrement). Ses enregistrements effectués par le bureau d’étude SOMME et l’ENSTA Bretagne permettront de caractériser le paysage sonore ainsi que d’améliorer la connaissance des répertoires acoustiques des cétacés.
Glider sous-marin
Le déploiement et la récupération d’un glider (planeur sous-marin) à partir du navire MORSKOUL ainsi que le pilotage en autonomie par l’équipe de l’ENSTA Bretagne restée à terre ont été validés. Le glider équipé d’un hydrophone vise à enregistrer la présence de cétacés dans des zones de haute mer via les signatures vocales des différents cétacés qu’il croise sur son trajet. Il se déplace lentement sous l’eau jusqu’à 700 m de profondeur et lorsqu’il remonte en surface il communique avec un pilote de l’ENSTA Bretagne à terre. Au total 110h d’enregistrement ont été collectées par une méthode novatrice et non-invasive.
Bilan
Le recoupement de tous les protocoles scientifiques (ADN environnementale, biopsies, acoustique passive et déploiement de glider) est une première non seulement sur un navire à propulsion vélique mais aussi au-delà du talus continental dans le golfe de Gascogne.
Les objectifs des campagnes ont été atteints. En cumulé sur les 2 campagnes : 5 semaines de mer au large en autonomie, plus de 2400 miles nautiques parcourus avec atteinte des eaux internationales à la voile pour 600 litres de carburants.
